Nous avons traduit cette interview de Mike Gendron, évangéliste américain engagé dans le témoignage auprès des catholiques. Avec John Benzinger et Kyle Swanson, pasteurs à la Redeemer Bible Church (RBC) en Arizona, il s’est entretenu sur les différences entre le catholicisme et la perspective biblique. Il aborde dans cette première partie différents sujets : l’histoire de sa conversion à la foi biblique et la genèse de son ministère « Proclaiming the Gospel », le salut dans le catholicisme, la place des œuvres, la question du mérite et de la grâce.

 

RBC: Pour cet épisode très spécial [le 100^e], nous sommes excités parce que la motivation derrière ce podcast « Redeeming Truth » [la vérité rédemptrice] se trouve dans le titre : nous voulons racheter la vérité de la Parole de Dieu d’un monde qui essaie de changer la terminologie et d’altérer le sens de la vérité. Et pour nous rejoindre pour cet épisode, nous avons Mike Gendron qui a consacré son ministère et sa carrière à ce but précis. Et donc, Mike Gendron, merci beaucoup de nous avoir rejoints ici au podcast de la vérité rédemptrice !

Mike Gendron: Eh bien, c’est vraiment une joie pour moi et c’est un grand privilège d’être avec vous pour racheter la vérité de la Parole de Dieu, en particulier dans le champ de la mission que représente la religion catholique romaine.

 

RBC : Effectivement, quand je pense à un groupe, à une organisation qui a cherché à obscurcir la vérité et même à nier la vérité pendant très longtemps, je ne peux pas penser à un autre groupe qui fasse cela comme l’église catholique. Et donc pour nous, nous voulons vraiment nous assurer que les membres de notre église soient équipés pour atteindre leurs amis et leurs proches catholiques. Et c’est pourquoi, pour l’épisode 100, nous avons voulu inviter Mike, parce que c’est très important pour nous que nous étudions le catholicisme et que nous ayons le genre de cœur que tu as pour les catholiques : un cœur d’amour et de compassion, et un cœur pour dire comment nous pouvons partager le véritable évangile avec eux.  Maintenant Mike, permets-moi de te présenter un peu, je veux que les gens te connaissent. Si vous n’êtes pas familier avec le ministère de Mike, il s’appelle «Proclaiming the Gospel » (proclamer l’Évangile) et vous pouvez trouver le site web à l’adresse proclaimingthegospel.org. Je veux juste lire ton énoncé de mission et ensuite je t’interrogerai à ce sujet et je te demanderai d’où cela vient, mais c’est très clair et très direct, cela dit simplement ceci : « Nous désirons équiper et encourager le Corps du Christ à partager fidèlement et efficacement l’Évangile glorieux du Christ. Dieu donne à chaque chrétien le privilège et la responsabilité impressionnante de le glorifier en proclamant la plus grande nouvelle que quiconque entendra jamais, sur le plus grand cadeau que quiconque puisse jamais recevoir. Nous reconnaissons qu’il n’y a pas de vocation plus élevée que d’être des ambassadeurs du Roi des rois et de transmettre son message à un monde perdu et mourant ». Maintenant, voici où je pense que ce ministère devient spécifique et très unique : « Le cœur du ministère ‘Proclaiming the Gospel’ est animé par notre profonde compassion-, et je soulignerais cette profonde compassion-, pour les catholiques romains qui, comme nous l’avons été autrefois, sont trompés et qui n’en sont même pas conscients. Ce n’est que lorsqu’ils sont confrontés avec amour à la vérité de la Parole de Dieu, qu’ils peuvent être libérés de l’esclavage de la tromperie religieuse ». Je pense que c’est un merveilleux résumé, mais pourquoi ne nous donnerais-tu pas un peu de ton histoire et de la façon dont ce ministère a vu le jour, et puis nous parler de ces catholiques qui, comme tu l’as dit, sont trompés sans en être conscients ?

Mike Gendron: Bien sûr! La nature même de la tromperie est que les gens ne savent pas qu’ils sont trompés jusqu’à ce qu’ils soient confrontés à la vérité. J’ai été dans la religion catholique pendant plus de 35 ans et puisque je n’avais jamais ouvert une bible, je n’avais jamais été confronté à la vérité. Je pensais que j’appartenais à la seule véritable église et que si j’étais fidèle à ma religion, l’église finirait par me conduire au paradis, éventuellement en faisant un détour par le purgatoire. Et donc pendant 35 ans, j’ai été un catholique très pieux. J’ai été enfant de chœur pendant sept ans et j’ai enseigné la doctrine chrétienne catholique au lycée. Plus tard, j’ai été chargé d’apporter l’étude des Écritures à une église catholique de Dallas en 1981 : ils perdaient beaucoup de monde au profit des études bibliques évangéliques, alors ils ont décidé de commencer leur propre étude biblique. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à lire la bible. Et en lisant la bible, j’ai vraiment été confronté à la vérité et cela m’a causé une crise de foi, parce que ce que je lisais sur le plan du salut de Dieu était diamétralement opposé à ce que l’église catholique m’avait enseigné. Et donc je finissais par ne plus savoir à qui faire confiance parce que j’étais très fidèle à ma religion, ma famille était pratiquante, j’avais un oncle qui était prêtre… Et j’ai fait le mauvais choix d’appeler mon oncle prêtre et j’ai dit : « Pourquoi la bible enseigne-t-elle une voie de salut différente de celle de l’Église catholique ? ». Et il a dit : « Mais ce n’est pas vrai, donne-moi un exemple », et j’ai donc partagé Éphésiens 2 : 8-9 qui dit que « nous sommes sauvés par la grâce, par la foi en Jésus-Christ, ça ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu, ce n’est pas le fruit d’œuvres que vous auriez accomplies. Personne n’a donc de raison de se vanter. » Et il a répondu : « Mike, mon Dieu ne veut pas vraiment dire ce qu’il dit là ».  Et j’ai pensé : « Wow, comment un prêtre peut-il savoir ce que Dieu veut vraiment dire ? ».

Alors j’ai continué à lire la bible, et il n’y avait aucun moyen de concilier la Parole de Dieu avec les enseignements de l’église catholique. Alors j’ai juste crié au Seigneur, il m’a accordé la repentance, il m’a donné les yeux pour voir la gloire du Christ et la lumière de l’évangile. Je n’étais plus aveuglé par la tromperie religieuse, les chaînes se sont détachées. Je me suis levé, et j’ai commencé à suivre le Christ et cela a littéralement bouleversé ma vie. Je me suis retrouvé dans une étude biblique, tous les matins de la semaine avant mon départ au travail, et je ne pouvais tout simplement pas me lasser de la Parole de Dieu, j’étais comme une éponge sèche dans le désert, essayant simplement d’absorber tout ce dont j’avais été privé pendant tant d’années. Et environ quatre ans après, j’ai réalisé que la seule façon de vraiment me purger de toutes les erreurs doctrinales avec lesquelles j’avais grandi, c’était d’aller au séminaire et d’étudier la bible. J’ai donc quitté mon emploi en entreprise et je me suis inscrit au séminaire. Et c’est, je crois, trois ans plus tard, lors de mon dernier semestre, que l’on m’a présenté une vidéo intitulée « Catholicism crisis of faith »¹: c’est une vidéo qui montre des prêtres et des religieuses catholiques romains retournant dans l’église catholique pour partager l’Évangile avec eux. Ma femme et moi l’avons regardée ensemble et nous avons senti l’obligation de commencer à partager cela avec tous les catholiques romains que nous connaissions. Donc tous les mardis soirs, nous les invitions et nous partagions la vidéo, ma femme servait un dessert, nous répondions aux questions. Et en l’espace de trois mois, 17 catholiques romains ont échangé leur religion contre une relation avec le Seigneur Jésus-Christ. Mais je dois vous dire que tout le monde n’a pas quitté notre maison heureux et plein de joie. Certains étaient tellement en colère qu’ils ont claqué la porte et nous avons perdu quelques relations. Mais vous savez, à la fin, nous avions eu 17 nouveaux bébés en Christ, alors qu’avons-nous fait ? Nous les avons invités à revenir le mercredi soir pour les aider à grandir dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur. Et donc ça a vraiment été la genèse de ce que nous faisons aujourd’hui, 32 ans plus tard. Nous avons fait plusieurs fois le tour du monde, principalement dans des pays dominés par le catholicisme. J’ai eu le privilège d’équiper le Corps du Christ dans de nombreuses églises et séminaires à travers le monde et la Master’s Academy International m’a accueilli. Et donc ça a vraiment été un parcours incroyable. Nous sommes impressionnés par ce que Dieu a fait avec quelques vases brisés.

 

RBC : C’est une histoire incroyable ! Et nous espérons que Dieu continuera à t’utiliser et même à t’utiliser pour équiper les gens de notre église. Et par rapport au salut, peux-tu en quelque sorte élaborer sur ce que tu as dit à ce sujet, sur le fait que « ce que tu avais appris n’était pas ce que tu lisais dans la bible » et peux-tu décrire plus précisément la différence avec ce que tu lisais dans la bible ?

Mike Gendron: Bien sûr ! La religion catholique romaine a enseigné au moins pendant 500 ans que vous êtes sauvé par la grâce plus le mérite, la foi plus les œuvres, Christ plus d’autres médiateurs, selon les Écritures plus la Tradition. Mais les réformateurs du 16ème siècle ont reconnu, après avoir lu la bible, que c’était faux, et ils ont étudié la bible, et c’est pourquoi les cinq Solas ² sont si importants pour l’Évangile aujourd’hui. Les réformateurs se sont rendu compte que l’église catholique avait tort, que nous sommes sauvés par la grâce seule, par la foi seule, et par Christ seul, selon l’Écriture seule, et que toute la gloire va au Dieu trinitaire. Et c’est donc la principale différence avec l’Évangile. L’évangile catholique romain est en fait sous la condamnation divine parce, comme nous le voyons dans Galates 1, versets 6 à 9, Paul a dit que si quelqu’un ajoute quelque chose ou déforme l’Évangile, il doit être anathème, livré à Dieu pour la destruction. Or les judaïsants n’avaient ajouté qu’une seule exigence : Si vous étiez un païen et que vous croyiez à la mort, à l’enterrement et à la résurrection du Christ, vous deviez [encore] être circoncis. Mais quand vous regardez l’évangile catholique, ils ont ajouté beaucoup plus d’exigences : il vous faut être baptisé (c’est le sacrement initial de la régénération et de la justification) et après le baptême, il faut faire de bonnes œuvres. Il faut faire de bonnes œuvres pour être justifié. En fait, les catholiques, quand ils commettent un péché mortel, ils sont dé-justifiés et ils ne peuvent être re-justifiés qu’en faisant de bonnes œuvres et en recevant des sacrements.

Donc les catholiques ont besoin des sacrements, ils ont besoin de bonnes œuvres. Ils doivent aussi obéir à la Loi. Bien sûr, cela les place sous une malédiction comme nous le voyons dans Galates 3, parce que personne ne peut obéir à la Loi parfaitement, comme Jacques l’affirme dans le chapitre 2 (Jc 2, 10) : il est écrit que si vous observez parfaitement toute la Loi et que vous pêchez contre un seul commandement, vous êtes coupable d’avoir enfreint toute la Loi. Et donc toutes ces exigences ont été ajoutées à l’Évangile de la grâce, c’est pourquoi la religion catholique qui enseigne cet évangile est sous la malédiction divine. C’est pourquoi les catholiques ont besoin d’entendre le véritable Évangile qui est que le Christ Sauveur est suffisant, qu’il a terminé l’œuvre de Rédemption, que le sacrifice de la messe est une représentation blasphématoire du Christ eucharistique sur un autel. Et donc c’est un évangile différent. L’évangile est si simple mais l’homme arrive…Vous savez, la nature de la religion, c’est qu’ils veulent contrôler les gens, peu importe de quelle religion il s’agit. Et donc ils ajoutent toutes ces exigences à l’Évangile de la grâce et ils tiennent les gens dans l’esclavage religieux et la tromperie religieuse.

 

RBC : Un catholique répondrait à cela en disant : « Mais Jacques dit que la foi sans les œuvres est morte…Romains 2, 6 et 7 dirait que si tu persévères dans les bonnes œuvres, tu auras la vie éternelle, et Matthieu 7, 21 à 23 dit que si tu fais la volonté de Dieu tu seras sauvé »….Donc comment te répondent-ils quand tu leur dis cela ?

Mike Gendron: Comme vous le savez, nous devons interpréter la parole de Dieu avec précision. Or dans le chapitre 2 de Jacques, Jacques ne montre pas aux gens comment ils peuvent être sauvés, il oppose deux types de foi différents : il oppose une foi donnée par Dieu et qui produit des fruits, à une fausse foi qui est une foi morte qui ne produit rien. Et donc voici la meilleure façon de décrire ce que fait Jacques ici : si vous regardez la foi comme étant une racine, si la racine est vivante, elle produira des fruits, mais si la racine qui est la foi est morte, alors il n’y aura pas de fruit. Et donc Jacques dit simplement que la vraie foi vivante accordée par Dieu comme un don produira des fruits chez ceux qui la reçoivent, mais pour ceux qui ont une fausse foi, il n’y aura aucune preuve d’une vie changée. Vous voyez dans Matthieu 7 que vous avez évoqué, Jésus a dit que beaucoup l’appelleront « Seigneur, Seigneur ! », mais au dernier jour, il dira : « Éloignez-vous de moi », il ne les a jamais connus. Et même s’ils l’appellent « Seigneur », ils se vantent de ce qu’ils font en son nom, plutôt que de faire confiance à ce que Christ a fait. Alors là, vous voyez, la justice des œuvres ne sauvera personne. Et puis vous dites aussi qu’ils ne se sont jamais éloignés de l’iniquité (cf. Mt 7, 23), donc il n’y a pas eu de repentir. Le seul moyen d’être sauvé est de se repentir et de croire le véritable Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

RBC: Amen, amen… Quand il s’agit d’évangéliser les catholiques, ils vont argumenter contre le salut par la grâce seule, par la foi seule, en Christ seul… Peux-tu parler de l’aspect du salut par la grâce seule, comparativement à l’aspect du mérite ?

Mike Gendron: Bien sûr ! Nous savons en lisant la bible que la grâce est la faveur imméritée de Dieu, elle est donnée gratuitement comme un cadeau, comme nous le voyons dans Éphésiens 2. Le catholicisme redéfinit beaucoup de termes bibliques.

Le paragraphe 2027 du catéchisme de l’Église catholique déclare que l’on doit mériter les grâces nécessaires au salut. ³ Mais comment pouvez-vous mériter la faveur imméritée de Dieu ? Et pourtant tous les catholiques romains vous diront qu’ils sont sauvés par la grâce par la foi en Jésus. C’est pourquoi le mot « seul(e) » est si important : c’est la grâce seule en dehors des œuvres et du mérite, c’est la foi seule en dehors des œuvres, et c’est le Christ seul, il est le Sauveur suffisant/parfait. Si quelqu’un ajoute quoi que ce soit à l’œuvre parfaite et suffisante de Christ, non seulement il insulte le Sauveur, mais il annule également la grâce de Dieu. Paul est très clair en Romains 11, 6 : « Si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres, autrement la grâce n’est plus une grâce ». Et donc Satan le sait, c’est pourquoi chaque religion dans le monde enseigne un salut par la justice des œuvres, parce que Satan sait que si vous ajoutez des œuvres à la grâce, cela annule le seul moyen par lequel Dieu sauve les pécheurs. A cet égard, le catholicisme romain ne diffère pas de toute autre religion dans le monde : c’est un salut qui repose sur la justice des œuvres.

 

 

1. https://youtu.be/pk2C0xUTqrMsi=ltGkrV7yoywf04sS
2. Les cinq Solas sont les 5 fondements théologiques, formulés en latin, de la Réforme, et donc de la foi protestante: Sola Gratia (par la grâce seule nous sommes sauvés), Sola Fide (par la seule foi en Jésus-Christ nous sommes sauvés), Solus Christus (Seul Jésus-Christ peut nous sauver), Sola Scriptura (l’Ecriture est la seule autorité pour les croyants en matière de foi, de doctrine et de pratique), Soli Deo Gloria (A la gloire de Dieu seul).
3. §2027 : « Personne ne peut mériter la grâce première qui est à l’origine de la conversion. Sous la motion du Saint-Esprit, nous pouvons mériter pour nous-mêmes et pour autrui toutes les grâces utiles pour parvenir à la vie éternelle, comme aussi les biens temporels nécessaires ».