Dans notre série « De la foi catholique à la Bible: remettre sa foi en ordre », examinons l’ordre entre baptême et le salut: est-ce que « je suis sauvé parce que je reçois le baptême », ou est-ce que « je reçois le baptême parce que je suis sauvé » ?
Rappel: les citations extraites du Catéchisme de l’Eglise Catholique (édition de 1992, approuvée par le pape Jean-Paul II), sont précédées du sigle CEC et du numéro de paragraphe.
Dans son catéchisme, l’église catholique enseigne clairement que la réception du baptême est nécessaire pour l’obtention du salut. En fait, sur cette problématique, la doctrine catholique considère trois groupes différents de personnes:
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- Les croyants
- Les incroyants
- Les jeunes enfants
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D’abord, les croyants. Dans ce groupe, deux cas font exception :
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- le cas du « baptême du sang » (pour ceux qui subissent la mort en raison de la foi, donc comme martyrs, sans avoir reçu le baptême),
- le cas du « désir du baptême » (pour le catéchumène qui meurt avant de recevoir le sacrement auquel il se préparait). Pour eux, le baptême produira son fruit de salut même s’il n’a pas été administré.
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En dehors de cela, le baptême reste un passage obligé, c’est-à-dire que le croyant a besoin du sacrement baptismal pour être sauvé :
CEC 1257 : Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle.
Ensuite, il y a le groupe des incroyants. Non-baptisés, ils sont logiquement privés du salut, à l’exception hypothétique de l’homme de « bonne volonté » :
CEC 1260: Tout homme qui, ignorant l’Evangile du Christ et son Eglise, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon qu’il la connait, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes auraient désiré explicitement le Baptême si elles en avaient connu la nécessité.
Enfin, il y a le cas des jeunes enfants. L’église catholique affirme le besoin pressant d’amener les nourrissons aux eaux baptismales, car elle ne garantit pas leur salut. Elle se contente « d’espérer » un « chemin de salut » pour les enfants morts sans le baptême (CEC 1261)
Nous retenons donc que, selon le magistère, d’une manière générale, le baptême est un moyen nécessaire au salut. Autrement dit, « je suis sauvé parce que je suis baptisé ». Sauf exception, la foi reste insuffisante, car c’est le sacrement du baptême qui est « efficace », il opère le salut:
CEC 694 : Le symbolisme de l’eau est significatif de l’action de l’Esprit Saint, elle devient le signe sacramentel efficace de la nouvelle naissance : de même que la gestation de notre première naissance s’est opérée dans l’eau, de même l’eau baptismale signifie réellement que notre naissance à la vie divine nous est donnée dans l’Esprit Saint.
CEC 1127 : Célébrés dignement dans la foi, les sacrements confèrent la grâce qu’ils signifient. Ils sont efficaces parce qu’en eux le Christ lui-même est à l’œuvre : c’est Lui qui baptise, c’est Lui qui agit dans ses sacrements afin de communiquer la grâce que le sacrement signifie.
CEC 1131 : Les sacrements sont des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Eglise, par lesquels la vie divine nous est dispensée. Les rites visibles sous lesquels les sacrements sont célébrés, signifient et réalisent les grâces propres de chaque sacrement. Ils portent fruit en ceux qui les reçoivent avec les dispositions requises.
Le paragraphe 1131 que nous venons de citer, mentionne des « dispositions » nécessaires. Pourtant, selon l’enseignement magistériel, le sacrement du baptême est tellement efficace qu’il peut même opérer le salut « en dehors de la foi personnelle», dans le cas d’un nourrisson ou d’un enfant qui serait trop immature pour se positionner personnellement dans la foi. Nous trouvons cette doctrine clairement rappelée dans un texte encore récent, «l’instruction sur le baptême des petits enfants » :
Le fait que les petits enfants ne puissent pas encore professer personnellement leur foi n’empêche pas l’Église de leur conférer ce sacrement car, en réalité, c’est dans sa foi à elle qu’ils sont baptisés. Ce point doctrinal était déjà clairement fixé par saint Augustin: » Les petits enfants, écrivait-il, sont présentés pour recevoir la grâce spirituelle, non pas tellement par ceux qui les portent dans leurs bras (quoique ce soit aussi le cas s’ils sont de bons fidèles) que par la société universelle des saints et des fidèles […] C’est la Mère Église tout entière, celle qui est dans ses saints, qui agit, car c’est elle qui tout entière les enfante, tous et chacun ». Saint Thomas d’Aquin, et après lui tous les théologiens, reprennent cet enseignement : l’enfant qui est baptisé ne croit pas par lui-même, par un acte personnel, mais par d’autres, » par la foi de l’Église qui lui est communiquée « . C’est aussi cette doctrine qui s’exprime dans le nouveau Rituel du baptême, lorsque le célébrant demande aux parents, parrains et marraines, de professer la foi de l’Église » dans laquelle sont baptisés les enfants » (Instruction Pastoralis Actio, § 14, Congrégation pour la doctrine de la foi, 20 octobre 1980)
Clarifions notre propos : le débat ici n’est pas de savoir si le baptême en soi est nécessaire. Nous croyons que cette nécessité est affirmée par les Ecritures – nous verrons plus tard comment elle doit être comprise d’un point de vue biblique. La question est plutôt celle-ci : d’où vient le salut ? Est-ce le baptême qui produit en moi le salut, ou est ce que je reçois le baptême pour signifier un salut que la foi a déjà produit en moi?
Il est intéressant de voir sur quel fondement scripturaire l’église catholique appuie sa doctrine :
CEC 1257: Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5).
Examinons le verset mis en référence, en le replaçant dans son contexte, qui est l’entretien entre Nicodème et Jésus.
La bible, dans la traduction du Semeur, nous dit :
Vraiment, je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau, c’est-à-dire d’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ou encore, dans la version de la Bible de Jérusalem :
En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.
Comment comprendre ce verset ? Jésus, lorsqu’il parle d’« eau et d’Esprit », évoque-t-il le baptême chrétien ? Rappelons qu’à ce moment-là, les Juifs ne connaissaient probablement de baptêmes que « le baptême des prosélytes » (c’est-à-dire le rite d’initiation réservé aux païens qui se convertissaient au judaïsme), et le baptême de repentance pratiqué par Jean le Baptiste. Aucun de ces baptêmes ne prétendait avoir une efficacité salvatrice au sens propre. Le premier visait une purification rituelle; le deuxième, tout en manifestant une véritable démarche de repentance, n’était qu’une disposition à accueillir le Messie. Notons d’ailleurs que Jean reprenait sévèrement ceux qui s’approchaient de ce rituel sans avoir de véritables dispositions intérieures :
Jean disait donc aux foules qui s’en venaient se faire baptiser par lui : « Engeance de vipères, qui vous a suggéré d’échapper à la Colère prochaine ? Produisez donc des fruits dignes du repentir, et n’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons pour père Abraham’…
En outre, dans ce dialogue avec Nicodème, Jésus n’emploie pas de terme relatif au baptême (on aurait pu s’attendre au verbe grec Baptizo, par exemple), mais il parle de « naissance d’en haut », ou de « nouvelle naissance » et il utilise les figures de l’eau et de l’Esprit, pour nous renvoyer à la puissance purificatrice et régénératrice de l’Esprit Saint (Cf. Ez 36) qui, seule, est capable de nous faire entrer dans le Royaume.
Sacrement ou nouvelle naissance, voilà où se noue la divergence.
Du point de vue catholique, le baptême est l’acte sacramentel qui va opérer la régénération intérieure et apporter au baptisé la justification, c’est-à-dire le pardon de ses péchés.
CEC 1992 : « La justification est accordée par le Baptême, sacrement de la foi. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous rend intérieurement justes par la puissance de sa miséricorde… »
Du point de vue biblique, cette justification est le fruit de la Nouvelle Naissance qui est vécue de l’intérieur, par la foi, dans le secret d’un cœur qui accueille l’œuvre salvatrice de Christ à la Croix.
Au-delà du verset débattu de Jn 3, nous sommes invités à scruter les Ecritures dans leur globalité. Or, dans l’ensemble du Nouveau Testament, nous voyons et confirmons clairement deux choses:
- la foi seule sauve, et non un rituel.
- la foi est toujours mentionnée avant le baptême.
D’abord, c’est la foi seule qui sauve, et non une œuvre ou un rite ou un sacrement quelconque.
Je suis fier de l’Evangile : c’est la puissance de Dieu par laquelle il sauve tous ceux qui croient, les Juifs d’abord et aussi les non-Juifs. En effet, cet Evangile nous révèle en quoi consiste la justice que Dieu accorde : elle est reçue par la foi et rien que par la foi, comme il est dit dans l’Ecriture : Le juste vivra par la foi.
L’homme est déclaré juste par la foi sans qu’il ait à accomplir les œuvres qu’exige la Loi.
C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu ; ce n’est pas le fruit d’œuvres que vous auriez accomplies.
Ensuite, les Ecritures, lorsqu’elles associent la foi et le baptême, placent toujours la foi en premier. Il en découle deux conséquences. Avant tout, le baptême n’est dispensé qu’à un individu qui est capable de croire et de proclamer sa foi. L’idée de baptiser un enfant pour l’amener au salut, est étrangère à la bible. D’autre part, le baptême vient en second, comme un signe, un témoignage, ou même un sceau apposé sur la foi et la repentance, sur le salut qui vient de la foi et de la repentance.
Que dois-je faire pour être sauvé ? Crois au Seigneur Jésus, lui répondirent-ils, et tu seras sauvé, toi et les tiens. Et ils lui annoncèrent la Parole de Dieu, à lui et à tous ceux qui vivaient dans sa maison. A l’heure même, en pleine nuit, le gardien les prit avec lui et lava leurs blessures. Il fut baptisé aussitôt après, lui et tous les siens.
Frères, que devons-nous faire ? Changez, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés.
Beaucoup de Corinthiens qui entendaient Paul embrassaient également la foi et se faisaient baptiser.
Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné.
On voit bien que le baptême n’est pas dissociable de la foi et de la repentance et qu’il vient les confirmer de manière publique et volontaire. D’ailleurs, comme on le remarque dans le dernier verset cité (Mc 16, 16), c’est l’absence de foi qui vaut condamnation, et non l’absence de baptême.
Ajoutons que, dans notre recherche, un des aspects qui nous a éclairés dans cette juste compréhension du baptême et de son ordre au salut, a été de voir le parallèle avec la circoncision. De même que le baptême ne sauve pas mais présuppose la foi qui sauve, de même la circoncision de la chair ne justifiait pas le Juif, mais présupposait la circoncision du cœur :
Circoncisez-vous pour Yahvé, ôtez le prépuce de votre cœur, gens de Juda et habitants de Jérusalem, sinon ma colère jaillira comme un feu, elle brûlera sans personne pour éteindre, à cause de la méchanceté de vos actions.
Le Juif n’est pas celui qui l’est au-dehors, et la circoncision n’est pas au-dehors dans la chair. Le vrai Juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon l’esprit et non pas selon la lettre.
Nous disons que la foi d’Abraham lui fut comptée comme justice. Comment donc fut-elle comptée ? Quand il était circoncis ou avant qu’il le fût ? Non pas après ; mais avant ; et il reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice de la foi qu’il possédait quand il était incirconcis.
Dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité.
Est-ce à dire que le baptême n’ait pas son importance ? Bien au contraire !
Premièrement parce que le baptême relève d’un commandement du Seigneur : comme aux premiers disciples qui se sont agrégés à l’Eglise le jour de la Pentecôte, Dieu nous ordonne de nous repentir puis de passer par les eaux du baptême ; et comme à ses apôtres, en Mc 16,16, il nous confie la mission de faire des disciples et de les baptiser. Ce n’est pas une option.
Deuxièmement, le baptême s’inscrit dans la logique de ce qu’on pourrait appeler « la foi confessante »:
Tous ceux qui se déclareront pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour eux devant mon Père céleste.
Si de ta bouche, tu déclares que Jésus est Seigneur et si dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé, car celui qui croit dans son cœur, Dieu le déclare juste ; celui qui affirme de sa bouche, Dieu le sauve.
CONCLUSION
Lorsque je reçois le baptême, je scelle, par mon témoignage public et mon engagement personnel, le salut que j’ai déjà reçu le jour où je suis venu à Jésus par la foi et la repentance.
Aucun baptême ne sauve, ni le baptême catholique, ni le baptême d’aucune autre dénomination. Ce n’est pas un rituel quelconque qui vous procurera la vie éternelle avec Dieu. Ce n’est pas non plus la foi de vos parents, car la bible dit encore: « Un homme ne peut pas en racheter un autre ni payer à Dieu sa rançon » (Ps 49,8). Ce n’est pas non plus la foi d’une église. L’église catholique vous fait croire qu’elle vous enfante à la vie divine et qu’elle vous offre un passeport pour le Ciel (quitte à ce que vous passiez quand même quelques années au purgatoire). Pourtant, ce n’est pas la foi de l’Eglise qui fait de vous un enfant de Dieu. Seule la foi, comme relation personnelle avec le Christ, peut vous sauver. Cela exige un choix que vous êtes le seul à pouvoir faire. Cette foi vient de la Parole.
Si vous avez été baptisé mais que vous ne connaissez pas Jésus et son enseignement,
ou si vous le connaissez mal, selon des traditions et croyances entachées de mensonge, et non selon la vérité de la Parole,
si vous ne savez pas ce qu’est la nouvelle naissance,
il est temps que vous veniez à Jésus par la foi!
C’est la foi (personnelle et vivante) qui est le seul moyen par lequel « la puissance de Dieu nous garde pour le salut » (1 P 1, 5).