1. La « présence réelle » contredit les Ecritures au sujet du mystère de l’Incarnation
Thomas d’Aquin, grand théologien de l’Eucharistie, a produit beaucoup d’efforts pour tenter de penser une présence divine qui serait « là », « dans une matière », mais sans être localisée, sans être enfermée dans des dimensions, sans être réellement contenue ; il fallait justifier une présence « substantielle » et « réelle » , mais selon un mode « sacramentel » et non « naturel » . Bref, penser une présence corporelle en s’abstrayant de tout ce qui fait un corps, tel était le défi du penseur de la transsubstantiation.
Mais le génie intellectuel de Thomas d’Aquin n’a pas eu raison des graves contradictions qui demeurent entre cette doctrine et l’évènement de l’Incarnation – ce mystère d’un Dieu qui est venu dans un corps, donc dans un espace et dans un temps.
1.1. Monté dans son corps glorifié auprès du Père, Jésus est désormais assis à sa droite, dans le sanctuaire céleste
Les Ecritures sont claires, et voici ce qu’elles nous enseignent:
- Jamais Christ ne dit qu’il nous sera « présent » sous un mode eucharistique. C’est pourquoi, comprendre, par exemple, le verset Mt 28, 20 : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », en rattachant cette présence à l’Eucharistie[1] est dénué de tout fondement.
- Jésus envisage sa mort et son ascension auprès du Père, comme la fin de sa présence corporelle au milieu de nous, la fin d’une communion physique avec nous :
Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous. Tandis que moi, vous ne m’aurez pas toujours avec vous.
Mes chers enfants, je suis encore avec vous, mais plus pour longtemps.
L’heure de Jésus, c’est de « quitter ce monde pour s’en aller auprès de son Père. » (Jn 13, 1)
- Il promet une autre présence, celle de l’Esprit Paraclet :
Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre Défenseur de sa cause, afin qu’il reste pour toujours avec vous.
« L’Esprit de Dieu habite en nous » (Rm 8, 9), qui croyons et appartenons au Christ:Pourtant, c’est la vérité que je vais vous dire : il vaut mieux pour vous que je m’en aille. En effet, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous. Mais si je m’en vais, alors je vous l’enverrai.
Voilà la présence que Christ nous promet ! La présence réelle eucharistique est un faux substitut à l’inhabitation du Saint-Esprit en nous.Voici comment nous savons que nous demeurons en lui et qu’il demeure en nous : c’est par son Esprit qu’il nous a donné.
- La bible nous affirme clairement que Jésus est monté au ciel « dans son corps ». De plus, elle précise le lieu où il se trouve depuis l’Ascension (c’est-à-dire au ciel), et elle promet qu’il « reviendra » une deuxième fois, « de la même manière », à un temps précis (que nul ne connait, si ce n’est le Père, mais qui correspond à la fin de temps).
Ils le virent s’élever dans les airs et un nuage le cacha à leur vue. Ils gardaient encore les yeux fixés au ciel pendant qu’il s’éloignait, quand deux hommes vêtus de blanc se présentèrent devant eux et leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, en redescendra un jour de la même manière que vous l’avez vu y monter.
Après avoir accompli la purification des péchés, il siège dans les cieux à la droite du Dieu suprême.
Il a pénétré une fois pour toutes dans le sanctuaire.
En attendant, il [le Messie] doit demeurer au ciel jusqu’au jour où l’univers entier sera restauré.
Nous aspirons donc ardemment au retour glorieux de notre Maître:
Nous savons que, tant que nous séjournons dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur…Nous sommes pleins de courage, mais nous préférerions quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur.
1.2. La doctrine catholique brise l’historicité des évènements de la Passion
Penser que Jésus se donne de manière sacrificielle lors de ce repas, à travers son corps et son sang réellement donnés sous les apparences du pain et du vin, c’est aussi faire de l’anachronisme. C’est ignorer le fait que Jésus accomplit la volonté du Père et le plan du salut, dans un temps bien précis. Son offrande a eu lieu au calvaire, elle a été achevée le vendredi saint vers 15h lorsque Jésus a remis son esprit entre les mains du Père en disant : « C’est achevé » (Jn 19, 30)
Lors du dernier repas avec ses disciples, Jésus était certes « tendu vers » cette « heure » qui s’approchait, il a prié à Gethsémani pour que cette heure s’éloigne (Lc 22, 42 : « O Père, si tu le veux, écarte de moi cette coupe ! »), mais celle-ci ne s’est produite qu’à la Croix. Ce qu’il a accompli sur le Golgotha, à savoir la Rédemption de nos péchés, il ne l’a pas accompli ni à Cana, ni lors de ses différents miracles, ni lors de ses discours au temple ou sur le Mont des Oliviers, ni dans la chambre haute la veille de la fête pascale. C’est dans les cris et les larmes qu’il a été rendu parfait, nous dit l’épitre aux Hébreux, et c’est aussi alors qu’il nous a acquis la rédemption éternelle:
C’est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété, tout Fils qu’il était, apprit de ce qu’il souffrit, l’obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel.
Remarquons que l’église catholique affectionne ce type d’anachronismes. Par exemple, elle attribue à la Vierge Marie une grâce anticipée de salut : elle serait « immaculée conception », c’est-à-dire préservée du péché dés le premier instant de sa conception, par la vertu anticipée de la Croix[2]. Dire cela c’est, encore une fois, oublier que Jésus est le Verbe fait chair et qu’en devenant homme, il a assumé l’historicité de la vie humaine. Lorsqu’il est à dans la crèche de Bethléem, il n’est pas au temple de Jérusalem, lorsqu’il est à Cana, il n’est pas au Calvaire. De même qu’il a « grandi » en sagesse et en grâce devant Dieu, il a « déroulé » le plan de la Rédemption page après page. Donc Marie a été sauvée, comme nous, en adhérant au salut offert par son Fils, un jour de l’an 30 ou 33 de notre ère, lorsqu’il a été mis à mort sur une Croix.
1.3. La doctrine catholique contredit le mystère du Verbe « fait chair »
La foi en l’Incarnation, c’est croire que le Verbe s’est fait chair. Et qu’il n’est pas venu habiter autre chose que la chair humaine.
La Parole nous enseigne que « Dieu n’habite pas une réalité faite de main d’homme » :
Le Très-haut n’habite pas dans des demeures faites de main d’homme.
Dieu, qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses.
CEC 1380 : Il est hautement convenable que le Christ ait voulu rester présent à son Eglise de cette façon unique. (…) En effet, dans sa présence eucharistique Il reste mystérieusement au milieu de nous comme celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous, et Il le reste sous les signes qui expriment et communiquent cet amour.
En réalité, ce que l’église catholique présente comme « hautement convenable » est incompatible avec la révélation du mystère de l’Incarnation. L’idée que le Fils de Dieu puisse et veuille assumer un autre corps matériel que le corps humain est une hérésie.
2. La doctrine catholique de l’Eucharistie contredit les Ecritures au sujet du mystère de la Rédemption
2.1. L’église catholique affirme la nature sacrificielle de la messe et fait de celle-ci la re-présentation, sous une forme non-sanglante, du sacrifice du Christ
Le saint sacrifice de l’autel n’est donc pas une pure et simple commémoration des souffrances et de la mort de Jésus-Christ, mais un vrai sacrifice, au sens propre, dans lequel, par une immolation non sanglante, le Souverain Prêtre fait ce qu’il a fait sur la croix, en s’offrant lui-même au Père éternel comme une hostie très agréable. La victime est la même ; celui qui maintenant offre par le ministère des prêtres est celui qui s’offrit alors sur la croix ; seule la manière d’offrir diffère. (Encyclique Mediator Dei, Pie XII, 1947, § 68)
CEC 1367: Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : C’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert Lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère : Dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert Lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante.
Cette doctrine s’oppose à la vérité biblique fondamentale rappelée en Héb 9, 22, selon laquelle l’effusion du sang est nécessaire à l’expiation des péchés :
Selon la Loi, presque tout est purifié avec du sang, et sans effusion de sang, il n’y a point de rémission.
La vie de la chair est dans le sang. Ce sang, je vous l’ai donné, moi, pour faire sur l’autel le rite d’expiation pour vos vies; car c’est le sang qui expie pour une vie.
2.2. Selon la doctrine catholique, l’Eucharistie a une « vertu salutaire » et « propitiatoire »
Cela signifie qu’elle peut remettre les péchés. Elle est même nécessaire pour le pardon de nos fautes actuelles, ainsi que pour le pardon des défunts du purgatoire.
CEC 1366 : L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la Croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit : (….) Le Christ voulait laisser à l’Eglise, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s’accomplir une unique fois sur la Croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la rédemption des péchés que nous commettons chaque jour.
Si quelqu’un dit que le sacrifice de la messe n’est qu’un sacrifice de louange et d’action de grâces, ou simple commémoration du sacrifice accompli sur la croix, mais n’est pas un sacrifice propitiatoire ; ou qu’il n’est profitable qu’à celui-là seul qui reçoit le Christ et qu’il ne doit pas être offert pour les vivants et les morts, ni pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités : qu’il soit anathème. (Concile de Trente, §1753)
Or le sacrifice du Christ, comme le martèle en particulier l’épitre aux Hébreux, a été unique, définitif, parfaitement efficace et suffisant :
[le Christ] entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.
Ce n’est pas non plus pour s’offrir lui-même à plusieurs reprises, comme fait le grand-prêtre qui entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n’est pas le sien, car alors il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Or c’est maintenant, une fois pour toutes, à la fin de temps, qu’il s’est manifesté pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme les hommes ne meurent qu’une fois, après quoi il y a un jugement, ainsi le Christ, après s’être offert une seule, fois pour enlever les péchés d’un grand nombre, apparaitra une seconde fois – hors du péché- à ceux qui l’attendent, pour leur donner le salut.
Nous sommes sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. Tandis que tout prêtre se tient debout chaque jour, officiant et offrant maintes fois les mêmes sacrifices, qui sont absolument impuissants à enlever des péchés, lui, au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice, il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu…
En lui [Christ], par son sang, nous sommes délivrés, en lui nos fautes sont pardonnées, selon la richesse de sa grâce.
Le Christ entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang d boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.
Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang.
Dieu s’est plu à faire habiter en lui [Christ] toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.
C’est lui [Jésus Christ] qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.
Or là où les péchés sont remis, il n’y a plus d’oblation pour le péché.
2.3. Selon la doctrine catholique, le fidèle, dans l’Eucharistie, s’offre lui aussi en victime pour le salut du monde
CEC 2031 : Nous « offrons nos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu », au sein du Corps du Christ que nous formons, et en communion avec l’offrande de son Eucharistie.
CEC 1368 : L’Eucharistie est également le sacrifice de l’Eglise. L’Eglise, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son Corps…
CEC 618 : La Croix est l’unique sacrifice du Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, « Il s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme » (Vatican II, GS 22, §2), Il « offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connait, la possibilité d’être associés au mystère Pascal » (GS 22, §5). Il appelle ses disciples à « prendre leur Croix et à Le suivre » (Mt 16, 24) car « Il a souffert pour nous, Il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas » (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires. Cela s’accomplit suprêmement en la personne de sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice.
Pour que l’oblation, par laquelle dans ce sacrifice ils offrent au Père céleste la divine victime, obtienne son plein effet, il faut encore que les chrétiens ajoutent quelque chose : ils doivent s’immoler eux-mêmes en victimes. (Mediator Dei, §205)
Le magistère enseigne donc que la célébration de la messe n’est pas seulement la re-présentation du sacrifice du Christ, mais le sacrifice actuel de tous les croyants qui s’unissent à ce sacrifice « pour le salut du monde ».
C’est pourquoi, après la présentation des offrandes, le prêtre dit : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise », et les fidèles répondent : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».
C’est encore, en partie, la raison pour laquelle le prêtre verse quelques gouttes d’eau dans le calice, en disant à voix basse: « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » (Missel Romain). Cette adjonction d’eau, qui n’apparait pas dans les Evangiles, symbolise, pour l’Eglise latine en tout cas, l’union des fidèles au sacrifice du Christ.
Pour appuyer le fait que les fidèles sont associés à la Rédemption par le sacrifice de leurs propres personnes, le magistère s’appuie notamment sur ce passage de l’épitre aux Romains :
Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre.
Seules quelques traductions catholiques de la Bible utilisent le mot « hostie » pour la traduction de Rm 12, 1, la grande majorité des autres traductions ayant opté pour le mot « sacrifice ». Le mot « hostie » (qui vient du latin « hostia ») n’est pas impropre, puisqu’il signifie « victime » et qu’il cadre donc avec le sens voulu par l’auteur (Paul, en l’occurrence) : nous devons nous offrir tout entiers à Dieu, nous consacrer à lui, et comme l’indique la suite du passage, nous laisser entièrement renouveler. Cependant, force est de constater que ce mot « hostie » a une connotation eucharistique forte et qu’il amène donc le lecteur à penser que Paul nous exhorte précisément à nous offrir dans l’Eucharistie.
Oui, nous nous offrons au Christ, oui nous unissons à lui nos souffrances, oui nous tendons vers une unité parfaite avec lui, mais nous ne sommes que les bénéficiaires de son sacrifice, et non des participants.
Nous sommes des coopérateurs du Christ, mais c’est sur le plan de sa mission « prophétique » : à la suite des Apôtres et des premiers chrétiens, nous avons le mandat de porter le message de l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre.
Il y a une seule victime, Christ, victime parfaite et sans tache, qui a réalisé pour toujours l’œuvre du salut. Il est faux de dire que nous sommes co-victimes, co-rédempteurs avec Christ. Il n’y a rien à ajouter à l’œuvre sacerdotale et salvifique de Christ.
Ainsi, dire que nous sommes « associés à son sacrifice rédempteur » est anti-biblique. Et bien sûr cette fausse doctrine culmine dans le rôle de co-rédemptrice attribué à Marie.
2.4. En niant la suffisance du sacrifice du Christ, l’église catholique détruit l’assurance du salut dans le cœur des croyants
L’assurance du salut a de solides fondements dans la Parole:
Combien plus, maintenant justifiés dans son sang, serons-nous par lui sauvés de la colère. Si, étant ennemis, nous fûmes réconciliés à Dieu par la mort de son Fils, combien plus, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie, et pas seulement cela, mais nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ par qui, dés à présent nous avons obtenu la réconciliation.
Il [Jésus] est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
Ayant donc, frères, l’assurance voulue pour l’accès au sanctuaire par le sang de Jésus, par cette voie qu’il a inaugurée pour nous, récente et vivante, à travers le voile – c’est-à-dire sa chair- , et un prêtre souverain à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs nettoyés de toutes les souillures d’une conscience mauvaise et le corps lavé d’une eau pure. Gardons indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle…
Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils n’a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle.
De même qu’aucun homme pieux ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l’efficacité des sacrements, de même quiconque se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli d’effroi et de crainte au sujet de sa grâce, puisque personne ne peut savoir, d’une certitude de foi excluant toute erreur, qu’il a obtenu la grâce de Dieu. (Concile de Trente, §1534[4])
Si quelqu’un dit avec une certitude absolue et infaillible qu’il aura certainement le grand don de la persévérance jusqu’à la fin Mt 10,22 ; Mt 24,13, à moins qu’il ne l’ait appris par une révélation spéciale : qu’il soit anathème. (Concile de Trente, §1566[5])
L’assurance donnée par la connaissance de la Parole est donc réduite à une opinion présomptueuse ou à une certitude provenant d’une « révélation spéciale ». La doctrine catholique sur l’eucharistie, en voilant la perfection du sacrifice de la Croix, sape les fondements de cette assurance chez les fidèles.
3. La doctrine catholique de l’Eucharistie diminue la gloire de Christ
De nombreux passages de la Bible nous parlent de la glorification du Christ Ressuscité :
[Le Père a ressuscité Christ d’entre les morts et l’a fait] siéger à sa droite, dans les cieux, bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie, et de tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et l’a constitué, au sommet de tout, Tête pour l’Eglise…
(en faisant le parallèle avec la soumission de la femme à son mari)En effet, le mari est chef de sa femme comme le Christ est chef de l’Eglise, lui le sauveur du Corps. Or l’Eglise se soumet au Christ…
Par le fait qu’il lui a tout soumis, il n’a rien laissé qui lui demeure insoumis.
Nous le voyons maintenant couronné de gloire et d’honneur, parce qu’il a souffert la mort.
Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame , de Jésus-Christ, qu’il es Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
C’est ce que nous fait croire la spiritualité catholique lorsqu’elle nous dépeint un Christ humble, « obéissant » à la voix du prêtre qui le fait descendre sur l’autel.
Par exemple, le pape Benoit XVI, en proclamant l’Année sacerdotale en 2009-2010, n’a pas hésité à reprendre les paroles du « saint curé d’Ars » (Jean-Marie Vianney) : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait…Dieu lui obéit : Il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se referme dans une petite hostie !… » [6]
Mais nous le proclamons encore une fois, en nous appuyant sur la Parole qui est l’autorité suprême pour notre foi : tout a été soumis à Jésus, il n’y a rien ni personne qui lui demeure insoumis. Et lui, il n’est soumis à personne, il ne dépend de personne:
Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses.
CONCLUSION
1. Pourquoi nous n’adhérons plus à la doctrine catholique de l’Eucharistie ? Pourquoi tenons-nous à exposer ses erreurs ?
Certainement pas pour le plaisir de déterrer la hache de guerre, encore moins pour blesser la sensibilité d’hommes et femmes qui veulent sincèrement suivre le Christ au sein de l’église catholique et vivent avec ferveur l’Eucharistie.
Pour les personnes? de la charité! Face aux doctrines? la vérité. Nous dénonçons cette doctrine eucharistique avec tous ses corollaires, pour trois raisons fondamentales :
- parce que cette doctrine voile la clarté de l’enseignement biblique
- parce qu’elle enchaine les croyants avec toutes sortes de fausses croyances et de vaines pratiques
- parce qu’elle usurpe la gloire de notre Seigneur et Sauveur au profit de l’église catholique.
2. Perdre une expérience mystique ?
Beaucoup de nos amis catholiques nous disent : « Je ne délaisserai jamais l’Eucharistie car c’est là, dans la messe, lorsque je reçois l’hostie, ou dans les temps de prière devant l’ostensoir, que j’expérimente une communion profonde avec le Seigneur. Je le ressens, c’est tout. »
Mais à cela, nous répondrions que l’expérience mystique n’est pas le gage de la vérité d’une doctrine : vous pouvez ressentir la présence divine sans que cette présence ne soit « réelle », « corporelle » ou « substantielle » au sens où l’église catholique l’enseigne. Mais si la doctrine est fausse, faut-il remettre en question la vérité de la présence que vous ressentez ? Pas nécessairement, mais il faut du moins la resituer : si le Seigneur vous fait la grâce d’une rencontre particulière avec lui, ce n’est pas pace qu’il est là, « vraiment » présent dans ce morceau de pain, c’est parce qu’il honore le désir profond de votre cœur d’être en communion avec lui. Et il vous offre alors une présence qui n’est pas conditionnée par les paroles prononcées par un prêtre ni par la réception d’une hostie ; elle n’est pas non plus limitée dans sa durée (15 minutes tout au plus pour la digestion de l’hostie). Cette présence ne dépend que de votre relation directe et personnelle avec le Christ :
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui.
Si quelqu’un vous dit : « Voici, le Christ est ici ! », ou bien : « Il est là ! », n’en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux christs et des faux prophètes, au point d’abuser, s’il était possible, même les élus. Voici que je vous ai prévenus.
En fait, pour beaucoup de catholiques, abandonner la présence réelle serait une forme de « rétrogradation ». Le partage de la Cène à la manière évangélique leur apparait très pauvre, comparativement à la grandeur des célébrations eucharistiques qui se déploient dans les paroisses catholiques, avec tout ce qui fait le faste liturgique (vêtements, ornements, encens, processions, chants, cloches, vases et linges sacrés, gestes de recueillement…). La présence réelle du Christ dans les espèces sacralise tout, à la fois le temps et l’espace de ces célébrations. Dieu est là ! Enlevez la transsubstantiation, et il n’y aurait plus rien qu’un simple mémorial…
Mais pour nous, il est de loin préférable d’adhérer à la vérité biblique plutôt qu’à n’importe quelle doctrine, aussi grandiose soit-elle. Ce que Dieu fait est, malgré tout, toujours plus grand que ce que l’homme religieux peut inventer !
D’ailleurs, il est intéressant de voir que cette problématique remonte aux origines de l’Eglise, puisqu’on la retrouve au cœur de l’épitre aux Hébreux. L’auteur s’adresse essentiellement à des Juifs qui se sont convertis à la foi chrétienne mais qui semblent garder une nostalgie du faste liturgique lié au sacerdoce lévitique et s’accrocher à son « efficacité », au point d’être tentés de revenir en arrière. Face à cette tentation, l’auteur réaffirme non seulement le caractère caduque du régime de l’ancienne alliance, avec ses prêtres, ses sacrifices, ses cérémonies, mais il « élève » Christ, éternel Grand-Prêtre, victime parfaite:
Jésus a été jugé digne d’une gloire supérieure à celle de Moïse…
Ainsi se trouve abrogée la prescription antérieure, en raison de sa faiblesse et de son inutilité – car la Loi n’a rien amené à la perfection – et introduite une espérance meilleure, par laquelle nous approchons de Dieu.
C’est d’une alliance meilleure que Jésus est devenu garant. De plus ceux-là [les prêtres de l’ancienne alliance] sont devenus prêtres en grand nombre, parce que la mort les empêchait de durer: mais lui, du fait qu’il demeure pour l’éternité, il a un sacerdoce immuable. D’où il suit qu’il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant.
3. La bible met les croyants en garde contre toute tentation de s’approprier les dons de Dieu et de les détourner
Nous avons été très frappés de découvrir un jour ce passage peu connu du 2ème livre des Rois, qui fait l’éloge du roi Ezéchias :
Il fit ce qui était agréable à Yahvé, imitant tout ce qu’avait fait David son ancêtre. C’est lui qui supprima les hauts lieux, brisa les stèles, coupa les pieux sacrés et mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fabriqué. Jusqu’à ce temps-là, en effet, les Israélites lui offraient des sacrifices ; on l’appelait Nehushtân.
Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël. Le peuple vint dire à Moïse : « Nous avons péché en parlant contre Yahvé et contre toi. Intercède auprès de Yahvé pour qu’il éloigne de nous ces serpents. » Moïse intercéda pour le peuple et Yahvé lui répondit : « Façonne-toi un serpent brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. » Moïse façonna donc un serpent d’airain qu’il plaça sur l’étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il regardait le serpent d’airain et restait en vie.
Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle.
Ce texte nous semble très parlant pour cet autre héritage que Dieu nous a laissé : le mémorial de la Passion de son Fils, à travers les signes du pain et du vin. Ne restons pas sourds à l’avertissement des Ecritures : Dieu est riche en miséricorde mais il désavoue ceux qui pervertissent ses dons.
4. Pour conclure, nous voulons rappeler ce qui fait la grandeur de la Cène, telle qu’elle nous est révélée dans la Bible
- Elle est un commandement du Seigneur. Comme pour le baptême, la nécessité de la commémoration de la Cène ne réside pas dans le fait qu’elle est nécessaire au salut ; mais dans le fait qu’elle est une ordonnance du Seigneur.
- Par la Cène, comme par notre baptême, nous nous souvenons et nous proclamons que Christ est mort pour nos péchés, qu’il nous a rachetés au prix de son sang, que nous lui sommes désormais consacrés, attachés à lui dans une alliance éternelle.
- Elle réalise une communion réelle avec Christ, sa mort et sa résurrection :
La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ?
- Elle nous lie les uns aux autres pour faire de nous le Corps de Christ:
Parce qu’il n’y a qu’un seul pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique.
- Elle nous place devant une haute exigence de sainteté: extirper le levain de nos vies, nous laisser entièrement purifiés par le sang de Jésus, nous laver les pieds les uns les autres.
- Elle s’inscrit par excellence dans ce grand « devoir de mémoire » tellement essentiel à notre vie de foi. Croire, c’est fondamentalement faire mémoire des promesses, des dons, des commandements, des paroles du Seigneur, les garder sans relâche devant nos yeux, les inculquer à nos enfants:
Les choses cachées sont à Yahvé notre Dieu, mais les choses révélées sont à nous et à nos fils pour toujours, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette Loi.
Prends garde! Garde-bien ta vie, ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton coeur; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils.
Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton coeur! Tu les répèteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout…
Le bœuf connait son possesseur, et l’âne la crèche de son maitre, Israël ne connait pas, mon peuple ne comprend pas.
Mon peuple m’a oublié…
Ne vous rappelez-vous pas quand j’ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes…?
Moi je vous ai dit cela, pour qu’une fois leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’ai dit.
Pour le Christ, il est primordial que nous nous souvenions de son Sacrifice, du prix qu’il a payé pour notre salut: « Faites cela en mémoire de moi ».Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, issu de la race de David, selon mon Evangile.
- Elle signifie et elle avive notre attente de l’avènement plénier du Royaume :
Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
[1] Cf. par exemple, encyclique Ecclesia de Eucharistia, introduction.
[2] CEC 491 : « La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulières du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain [c’est-à-dire par l’anticipation du pardon acquis par le Christ à la Croix], préservée intacte de toute souillure du péché originel »
[3] Ph 2, 6-11 : Lui qui, dés l’origine, était de condition divine, ne chercha pas à profiter de l’égalité avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, et il a pris la condition du serviteur. Il se rendit semblable aux hommes en tous points, et tout en lui montrait qu’il était bien un homme. Il s’abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu’à subir la mort, oui, la mort sur la croix.
[4] 6e session, 13 janvier 1547
[5] ibid
[6] Benoit XVI, Lettre pour l’Année sacerdotale, 16 septembre 2009.